Essai du Scott Foil Premium 2016

Moins typé, plus efficace, plus polyvalent : les adjectifs pour qualifier le nouveau Foil Premium ne manquent pas et c’est tant mieux !
L’ancien modèle avait conquis un public de pratiquants spécifiques, essentiellement de rouleurs-sprinteurs, le nouveau vise un plus large panel.

  • Prix : 12 000 € (sans pédales)
  • Poids : 6,92 kg (en taille 56, sans pédales)
  • Cadre : Monocoque carbone HMX-Net (Cadre-fourche à 4 000 €)

Le Foil était un vélo juste « profilé », mais au moment de sa sortie, il innovait déjà beaucoup.
La nouvelle mouture fait de l’intégration un véritable credo. Il conserve le matériau de base, le carbone HMX-Net. On dispose d’une rigidité optimale pour un poids réduit, ce qui permet de donner au Foil une bonne résistance à la contrainte tout en étant aérodynamique. Car le coeur de la machine, c’est la pénétration dans l’air. On retrouve donc des tubes au profi l Kamm Tail, mais avec de plus grosses sections que sur la version précédente. On remarque surtout que tout est « caché » et protégé du vent sur ce vélo. Le frein avant est un Direct Mount qui ne dépasse pas de la fourche et ne cause ainsi pas de turbulences. L’étrier arrière est fixé sous la boîte de pédalier. Les câbles s’intègrent tous dans le tube diagonal via une entrée unique. Le serrage de selle par tampon tangent est masqué par une trappe. Enfin, le cintre intégral dispose de cales spécifiques qui assurent la continuité entre le cadre et la potence du combo. Ajoutons à cela que le combo intègre le boîtier du Di2. Sur cette machine, les câbles apparents sont rares. Le reste de l’équipement est Premium : un groupe Shimano Dura-Ace Di2 avec deux boutons sprinteur, des roues Zipp 404 CC. De quoi faire passer les 12 000 € du prix de vente.

Rigide et nerveux

Côté poids, le Foil pèse 6,92 kg. Certes, pour les vélos légers, la norme est plus près des 6 kg mais on a ici une machine aéro et à pneus, donc peu avantagée à la base. La géométrie du vélo est identique à celle des modèles route de la marque, la seule limite venant de la potence qu’on ne pourra sortir de plus de 2 cm. Le bureau d’études nous avait promis une zone de confort sur l’arrière du vélo, on constate très rapidement que les vibrations au niveau de l’assise sont très nettement amoindries. Un ressenti qui contraste avec l’impression de dureté induite par le profi l énorme des tubes. Après plusieurs heures à des allures variées, on oublie totalement qu’on est sur une machine dédiée à la vitesse, si on supporte la position course assez basse à l’avant, évidemment. Quand le rythme s’accélère, on ne note pas d’augmentation des vibrations et des chocs, le Foil est donc plutôt confortable. Mais sait-il être « dur » à la fois ? Eh bien, oui, le Scott Foil est rigide. On ne remarque guère de dérive quand on pédale, aussi bien avec un coup de pédale fluide qu’en force. Une fois dans le tempo, les roues semblent « aspirer » le cycliste vers l’avant et on sent – ou on imagine sentir – le gain aérodynamique du vélo. Toujours est-il que, sur le plat, on est incité à rouler vite. Les changements de rythme s’eff ectuent facilement si on joue du dérailleur au bon moment. Si on est en forme, on voit alors que le vélo pousse parfaitement. Si on est moins tonique, on n’est pas trop pénalisé. En montée, on apprécie pleinement le choix d’un pédalier mid-compact. Tant qu’on a la puissance, on peut travailler avec du couple et même profiter du retour dynamique du cadre. Dans le cas de montées longues ou plus diffi ciles, il faudra envisager de compenser avec un braquet plus petit et une fréquence de pédalage plus rapide. Parce que cette machine peut vous inciter à travailler au-dessus de vos moyens dans les ascensions.

Un montage très pointu

La tenue de route dépend en réalité beaucoup des roues, des allures et du terrain. Essayé avec différentes roues, le Foil Premium nous a paru plus sain avec des Syncros, la marque maison, qu’avec des Zipp ou des Mavic, qui fonctionnent pourtant bien avec d’autres vélos. Le Scott est précis, agressif et sûr avec les premières plus flou avec les autres dès lors que la vitesse et le vent s’en mêlent.

Test labo : mesures de déformation du cadre

Plus accessible et plus dynamique
Le nouveau Foil se montre plus facile à vivre que son devancier, sans pour autant perdre en qualité. D’une manière générale, il convient parfaitement à des cyclistes très athlétiques, supportant de ce fait un peu de poids en plus… La dérive de la douille, mesurée à 7 mm, est dans la moyenne. Le triangle arrière est bien bridé avec ses bases surdimensionnées, comme en témoignent les 2,4 mm, ce qui nous donne un ratio de 2,9. Lors des accélérations « moyennes », on sent donc bien la rigidité du vélo, mais on trouve assez rapidement de la réponse en forçant un peu plus. Cependant, lors des passages en force, on est plus à même de ressentir une petite dérive qui incite alors à « mettre du braquet ». La déformation latérale de 0,92 mm permet d’accompagner le coup de pédale. Le vélo se montre donc assez vivant, pour peu qu’on ait de l’énergie et qu’on sache la transmettre.

Un vrai généraliste

La seule chose qu’on puisse reprocher à ce vélo, ou à cette famille de vélos car le Foil est, rassurez-vous, décliné dans d’autres versions plus abordables, c’est son côté « exclusif » concernant les roues. Ce n’est pas tant la qualité des roues qui pose problème que leur adéquation à ce vélo, qui se montre sur ce plan très exigeant. Écoulement des fluides, rigidité, résonance, réglage de position, difficile de savoir qu’elle est la cause. Toujours est-il que, dans certaines situations, la roue avant se met à « flotter » de façon peu rassurante. Un changement de roues avant peut résoudre ou amplifier le phénomène suivant le modèle choisi ! Et pourtant, une fois bien équipé, on se met à apprécier pleinement cette machine de course. Le pilotage est un régal. Les relances sont toniques, les passages en force sans faiblesse. Installé très confortablement à son guidon, on peut pleinement exploiter son potentiel. Un coureur qui monte au train sera à l’aise en montagne, moins le véritable grimpeur, car il devra composer avec sa rigidité. Le rouleur est bien sûr un public de choix sur tous les terrains, tout comme le puncheur. Sur la durée, le gain de confort est également un vrai plus, qui permet aux plus sportifs de se lancer dans des épreuves longues et difficiles. Sur la gamme, qui commence à 3 000 €, les différences de châssis portent surtout sur le poids.